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Les deux mondes Quantité Qualité par Bernard Prieur

Bernard Prieur 

L'ère industrielle a véritablement décollé après la révolution française c'est-à-dire il y a, à peu près, 200 ans (c'est hier à l'échelle de l'humanité).

Assez rapidement, dans l'économie, l'industrie a remplacé l'agriculture qui était pourtant le fondement de ce système.

De nos jours c'est l'industrie qui règne en maître sur notre planète, et c'est elle qui dicte ses lois (elle-même, d’ailleurs, remplacée par la finance)

Progressivement, elle a imposé ses visions dans un domaine qui lui est pourtant totalement étranger: l'agriculture. En effet, si l'industrie exploite et met en valeur les produits du sous-sol (matière inanimée), l'agriculture, elle, s'intéresse aux productions du sol (matière animée, vivante). Les lois ne sont pas du tout les mêmes (on passe du binaire au ternaire).

Depuis une centaine d'année, des individus, au début isolé, maintenant regroupés, ont réagi par rapport à cette intrusion.

Ces individus reconnaissent, consciemment ou inconsciemment, dans notre alimentation, la partie "matière animée" où tous les autres voient seulement de la "matière".

D'ou l'existence de deux mondes, pour l'instant sans véritable passerelle.

Avec "Paysans des Baronnies" et seulement en ce qui concerne notre alimentation, j'ai voulu créer une petite passerelle entre ces deux mondes: celui de l'industrie qui entend imposer ses règles pour la production d'aliments et celui des paysans qui savent encore grâce à leur sagesse et leur savoir-faire que remplir ne veut pas dire nourrir.

Pour moi, cette passerelle ne peut exister qu'avec la distribution, elle devra être la nouvelle distribution, c'est la seule disposition qui réponde complètement aux exigences de l'économie sociale car elle passe par une prise de conscience de tous les hommes de la chaîne alimentaire quant à leur responsabilité morale de proposer à la vente une alimentation qui n'apporte plus les forces nous permettant de poursuivre sereinement nos différentes activités et allant même jusqu'à être à l'origine de graves pathologies.

Ce qui manque cruellement, de nos jours, ce sont les informations justes et sincères quant à la réelle qualité de notre nourriture afin que nous puissions choisir consciemment.

Quand on nous parle de qualité il s’agit en fait de quantité puisque les seuls instruments dont nous disposions actuellement, pour nous en assurer, ne nous donnent que des mesures quantitatives.

Sans ces informations, nous nageons dans la confusion (on passe des oméga 3, aux organismes génétiquement modifiés, puis à la fièvre catharale). Le producteur qui subit toutes sortes de pressions, sauf celles de consommateurs éclairés, n'est pas enclin à modifier ses pratiques. La biodiversité est bien à l'ordre du jour, mais les signes de qualité continuent d'être attribués aux productions spécialisées.

Des mots comme arboriculture, maraichage, apiculture, etc..doivent être "remplacé" par verger, jardin, rucher, etc...La concentration, en rompant cette recherche d’équilibre, engendre la maladie et rapproche de la mort (La matière inanimée ne nourrit pas).

Ces deux mondes doivent arrêter de s'opposer. Ils doivent au contraire se rendre compte de leur complémentarité et respecter leurs spécificités afin de présenter à la consommation des produits honnêtes.

Ce rapprochement ne peut exister que par la volonté d'hommes et femmes conscient de la situation dramatique actuelle.

L'agriculture paysanne doit être le fondement de cette nouvelle économie sociale, vivante.

Producteur, distributeurs et consommateurs ont déjà commencé ce rapprochement dans le terroir des Baronnies.

Bernard Prieur

Paysans des Baronnies   Quelques réflexions sur l’agriculture avec une solution

D'abord, la théorie  

L’agriculture et l’économie

Non l'agriculture ne peut pas s'inscrire dans le système économique actuel(1) et, pourtant, elle était à l'origine de ce système, mais depuis peu (200 ans env.) l'industrie l'a remplacée et, de nos jours, elle même est remplacée par la finance. Observons en passant que l'on va du "on ne peut plus concret" à "l'abstraction totale".

La spécialisation

Mais, malgré tout, il faut bien se nourrir donc "on" va adapter, malgré cette incompatibilité, l'agriculture à ce système et, le propre de l'industrie étant la spécialisation les agriculteurs vont être incités à pratiquer monoculture et monoélevage. Ainsi vont apparaitre de nouveaux mots : maraichage, viticulture, arboriculture, etc...qui remplacent jardin, vigne, verger, etc...même le paysan a disparu, remplacé par l'exploitant agricole.

Différence entre sol et sous sol

C'est à ce moment que les gros problèmes commencent (maladies) car les règles qui régissent la production de nourriture n'ont rien, mais absolument rien, à voir avec celles qui régissent l'industrie. Cette dernière va chercher ses matières premières dans le sous-sol (matière inanimée) pendant que l'agriculteur va élaborer ses productions à partir du sol (matière animée). En effet la différence est de taille: c'est la présence de vie dans les productions agricoles, vie qui n'existe pas, dans les productions industrielles.

La vie

Les forces de vie dans ces productions, en diminuant, par la pratique de la spécialisation, provoquent la baisse des défenses immunitaires pendant que le marché des produits phytosanitaires va aller en augmentant. Ces produits vont être de plus en plus performants donc de plus en plus redoutable, cela va même aller, l’efficacité ne rendant plus l'effet escompté (adaptation des sujets), jusqu'au point où l'industrie va reprendre à son compte (en laboratoire) une vieille technique paysanne, la "transformation des gènes" (O.G.M.).

La ferme

Attention, s’il persiste dans ces nouvelles pratiques agricoles, l'exploitant aura définitivement les pieds et les poings liés par des fournisseurs industriels extérieurs à l'exploitation.

N’oublions pas qu’une ferme doit être un organisme "fermé" dans lequel rien ne rentre (en théorie), pendant que les productions sortent !!!

Se nourrir ou se remplir

Si nous pouvions nous nourrir de matière inanimée, l'agriculture n'aurait plus sa raison d'être, seule l'industrie régnerait sur la surface de la planète. La présence de vie dans la matière que nous mangeons (matière animée) n'est pas anodine et, à vrai dire, c'est même elle, principalement, qui nous nourrit car, absorber de la matière inanimée, en provenance du sous-sol, ne peut que nous remplir(2) et non nous nourrir (à Haïti, l'année dernière, la misère était telle que des enfants se "nourrissaient" de galettes de terre mais cette terre provenait du sol et non du sous-sol).

 

Différence entre équilibre et recherche d’équilibre

Le signe distinctif de la vie est d'échapper à l'équilibre et, justement, l'équilibre est le propre de la matière inanimée. La matière animée quant à elle, a besoin d'une recherche perpétuelle d'équilibre mais sans jamais y arriver, à cause, justement de la présence de cette vie.

Le paysan, sur son domaine, pour favoriser au mieux cette présence, devra constamment rechercher cet équilibre entre productions animales et productions végétales (biodiversité) (4).

 

Une nouvelle économie

Ce n'est pas à l'agriculture de s'adapter au système économique actuel, car les productions agricoles y perdent "leur vie", c'est aux paysans aidés par la distribution et la consommation, donc l'ensemble de l'économie, de mettre sur pied un autre système économique parallèle qui valorise leurs productions, en respectant leurs spécificités et pérenniser ainsi leur activité.

Le choix, pour l'agriculteur, se ferra toujours entre recherche de Qualité ou recherche de Quantité.

Quantité : l'agriculteur qui fait ce choix se place d'emblée sur le marché mondial avec tout ce que cela comporte comme risques si il n'est pas performant dans cette recherche, car ici la concurrence est terrible et ce n'est pas lui qui fixe les cours. Sans les aides extérieures cette agriculture n'existerai pas dans notre région.

Qualité : "la seule difficulté réside dans le fait qu'aujourd'hui les agriculteurs ne peuvent seuls assumer ce choix. Si il n'y a pas avec eux des transformateurs, des distributeurs et des consommateurs, le choix d'une production de qualité est inutile est suicidaire. Il n'y a pas d'avenir pour des produits de qualité si ceux qui doivent les consommer ne savent pas les reconnaitre."(3)

Nous voyons que l'un ou l'autre choix comporte des risques mais, une autre réflexion de Bruno (3) peut nous aider :

"Il est temps de se souvenir que la mission des agriculteurs est de nourrir les êtres humains quantitivement et qualitativement et d'assurer ainsi la pérennité de l'activité agricole, donc celle de l'espèce humaine, en soignant la terre, donc en protégeant l'environnement. C'est le seul choix."

(1) Une preuve, si il en est besoin: à l'heure actuelle, officiellement, il n'existe aucun instrument permettant de "mesurer" la véritable qualité de la nourriture, seules quelques méthodes parallèles le permettent

(2) C’est peut être un commencement d'explication au phénomène de surpoids des individus constaté dans le monde occidental.

(3) texte écrit en 1992 par un ami de Luz St Sauveur, parti trop tôt, Bruno Chauvin, lors de la création de l'association Qualité Hautes Pyrénées destinée, justement, à apporter aux consommateurs, toutes informations sur notre nourriture.

(4) la biodiversité, comme son nom l’indique, s’adresse à tous les êtres vivants et non seulement à quelques espèces en voie de disparition.

Ensuite, la pratique

Paysans des Baronnies a choisi la route de la qualité

"Mettre à la disposition du plus grand nombre, la meilleure nourriture possible, provenant de ferme recherchant la biodiversité dans une nouvelle économie permettant les prix les plus justes pour tous"

Nous sommes tous des consommateurs de nourriture (que j’espère de qualité) mais maintenant nous devons, à la lumière du constat précédent, faire la distinction entre nos différents actes d'achats:

- soit il s'agit de biens matériels relevant de l'industrie (voiture, frigo, télé, etc..) et, à ce moment, le système économique qui convient est celui dans lequel nous vivons actuellement, on l’appelle économie libérale (ce sont les quantités qui sont privilégiées)

- soit il s'agit de nourriture relevant du monde paysan et le système économique à construire doit au moins reconnaitre l’existence de la vie dans cette nourriture. L'on pourra qualifier cette économie de sociale car elle intéresse toutes les couches de notre société de la façon la plus juste possible pour tous (c’est la qualité qui est recherchée).

Naissance de la première cellule

Géographiquement à quoi va donc correspondre cette première cellule (5) ?

à un terroir, car le terroir est une unité cohérente correspondant sensiblement, pour l'ensemble des paysans l'habitant, à des conditions de travail identiques.

Les composants de cette cellule (producteurs -- distributeurs -- consommateurs) doivent se trouver assez proche les uns des autres.

Un homme, le patron d'une grande surface locale, l'Intermarché de Capvern, a accepté le pari proposé de distribuer ces produits d'excellente qualité en provenance des Baronnies, dans le respect des intérêts de chacun, aux prix les plus justes pour tous.

Une clientèle fidèle s'est constituée, grâce au "bouche à oreille", à la publicité dans les journaux, à la radio, et même à la télévision.

Maintenant, étant assuré de la vente d'environ deux vaches par mois, de veaux rosés et d'agneaux,(les légumes vont suivre), nous avons plus de souplesse pour commencer la vente par caissettes, de ces produits, tout en essayant de revitaliser les petits commerçants locaux comme par exemple l'alimentation d'Eugène Fourcade à Bourg de Bigorre(6), une alimentation à Capvern, et aussi alimenter une boutique, dans le centre de Tarbes, Ethika,,… puis d'autres(7).

La confiance renaît doucement, les consommateurs peuvent rencontrer les producteurs et même la distribution, lors de soirées au cours desquelles ils peuvent déguster d'anciens plats traditionnels confectionnés à partir des morceaux délaissés. (Daube, Sauté, Blanquette, etc..)

Croissance et ….multiplication

Cette année nous continuons notre progression en créant, chez Intermarché, une « école de la consommation », dans laquelle seront diffusées toutes les informations qui permettront aux consommateurs d’effectuer leurs achats de nourriture en toute connaissance de cause.

Cours de cuisine, cours théoriques, visites de fermes, rencontre avec les « paysans », problèmes de la distribution,…

Le 22 Janvier dernier, Mme la Préfète, Françoise Debaisieux, chez Eugène Fourcade, symboliquement, a rendue hommage à l’ensemble du travail effectué par les membres de l’association « Paysans des Baronnies ».et nous a encouragé en nous assurant de son soutien.

Voila, nous commençons 2010, et il reste beaucoup de travail. Cependant ces idées progressent et, nous observons parmi les consommateurs des produits « Paysans des Baronnies » une grande satisfaction à connaitre les producteurs de la nourriture de leur famille, à découvrir que leur argent reste dans la région, qu’à leur niveau, simplement, en choisissant ces produits, ils agissent en encourageant les productions de qualité,… l’espoir revient chez les paysans.

Nous verrons peut être naître, bientôt, d’autres cellules dans ce Pays.

5) Comme il s’agit de reconnaitre le caractère nourrissant (vivant) de ces productions, le mot cellule convient, car il rappelle la construction cellulaire propre aux organismes vivant.

(6) Monsieur Eugène Fourcade nous à donné l’autorisation de vendre, chez lui, nos produits (en commençant par la viande). Nous avons choisi le vendredi après midi (quand il y aura une bête) pour démarrer ; une annonce extérieure, à l’angle de l’hôtel-restaurant, préviendra les habitants. Et comme nous vous l’avions déjà annoncé les prix seront les mêmes que dans la grande surface.

(7) Quel paradoxe : les grandes surfaces ont provoqué le déclin des petits commerces de proximité et, ici, c’est une grande surface qui va peut être redonner un deuxième souffle à ce commerce.

Comme toujours, c’est une histoire d’hommes :

«  Quand l’homme veut, il peut, et si il ne le peut pas, c’est qu’il ne le veut pas »

 

Paysans des Baronnies

But de l’association

" Mettre à la disposition du plus grand nombre, la meilleure nourriture possible, provenant de fermes recherchant la biodiversité, dans une nouvelle économie permettant les prix les plus justes pour tous "

Question :

Pourquoi des producteurs se sentent-ils obligés de rencontrer directement des consommateurs ? pourquoi des consommateurs se sentent-ils obligés d'aller voir directement des producteurs ?

Réponse : Manque de confiance dans le système économique actuel

Le système économique, dans son ensemble, est constitué par des producteurs, des distributeurs, et des consommateurs. Pour rétablir la confiance il faut donc prévoir un autre fonctionnement, une autre articulation, entre ces trois partenaires.

De nos jours, dans ce triptyque, on peut faire le constat suivant : il règne au sein de la distribution une guerre terrible qui se répercute sur les deux autres partenaires : sur les producteurs par des prix d'achats de plus en plus bas conduisant à des procédés de productions pouvant altérer gravement la qualité des produits, et sur les consommateurs qui ne retrouvent plus la qualité qu'il sont en droit d'attendre.

En effet les choix politiques mondiaux en ce qui concerne l'agriculture sous prétexte de régler le problème de la nourriture dans le monde, ont privilégié la quantité.

Cette plus grande quantité est obtenue non pas par la multiplication de fermes pratiquant la biodiversité (tendance paysan), mais par l'intensification de spécialisations (tendance industrie).

La qualité finale est donc la résultante de cette recherche de quantité, alors que l'on aurait pu s'attendre à l'inverse, surtout en ce qui concerne notre alimentation, c'est à dire rechercher la meilleure qualité possible avec la quantité qui en découle.

Il faut aussi préciser que nous vivons une ère industrielle ou les outils permettant de mesurer les quantités sont variés et de plus en plus précis, mais, malheureusement, que ce sont ces mêmes outils qui servent pour mesurer la qualité.

Les instruments mesurant la qualité n’existent toujours pas (officiellement).

Nous constatons donc que dans notre civilisation, tout est mis en œuvre pour favoriser la quantité et que, en bout de chaîne, au pôle consommation, les hommes n'en sont pas satisfaits; certes on peut se remplir (quantité) mais de moins en moins se nourrir (qualité).

Cette baisse générale de la qualité de notre nourriture se traduit pour les productions elles mêmes par d’innombrables maladies touchant toute la chaine du vivant : les végétaux, les animaux et jusqu'à l’homme.

Ce qui provoque la multiplication d'initiatives de la part de consommateurs, dans une recherche de meilleure qualité et de producteurs dans une recherche d'une meilleure rentabilité.

Nous voyons donc fleurir les circuits courts dans lesquels, au pire, on supprime (ou l'on croit supprimer) un des partenaires : le distributeur et, au mieux, l'on en réduit le nombre.

Il reste maintenant la confiance qui ne peut exister et surtout durer que si les échanges s'opèrent sur de petits territoires ; en fait des terroirs, permettant toutes sortes de rencontres

Paysans des Baronnies à donc deux grands objectifs qui découlent de son but initial : rétablir la confiance chez ses consommateurs et l'espoir chez ses producteurs en ouvrant, par exemple, chez le distributeur, une nouvelle école de la consommation.

Informations compémentaires  

Pourquoi une qualité alimentaire économique et démocratique?    Lire la page